Journal : la Coupe du Monde féminine par Elsa Garrison

Avec une carrière qui s'étend sur près de quatre décennies, la photographe sportive Elsa Garrison a couvert certains des plus grands événements du football, notamment trois Coupes du Monde de la FIFA, quatre Coupes du monde féminines de la FIFA ainsi que les Jeux Olympiques. 

Cet été, Elsa Garrison est photographe officielle de la FIFA pour couvrir la Coupe du Monde féminine 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande. Dans cet article, Elsa évoque son parcours dans la photographie et partage son journal de bord pendant cet événement sportif le plus important de l'année. Dans cet article, nous mettons en lumière le métier de photographe professionnel pendant la Coupe du Monde.

Reste connecté ces prochains jours, pour suivre de près l'événement à travers les yeux de cette photographe officielle.

Journal de bord, jour 4

À mesure que nous approchions de la finale, nous avions de plus en plus de photographes, ce qui signifiait que nous disposions de différents emplacements pour travailler. (J'occupais une position mobile pour la demi-finale entre l'Australie et l'Angleterre.) Certains stades sont plus faciles que d’autres pour travailler. Celui-ci n'était pas des plus simples.

J'ai décidé de prendre des risques. Après tout, d'autres photographes couvraient déjà le match, donc tout ce que j’allais apporter serait un bonus. C'était un public à domicile et favorable : non seulement en termes d'emplacement, mais aussi parce que le stade comptait probablement 90 % de fans australiens. Avant le match, j'ai déterminé où je devrais aller si cela se terminait par des tirs au but, car je n'aurais pas beaucoup de temps pour y réfléchir. J'ai trouvé des endroits plutôt du côté offensif de l'Australie dans l'espoir de capturer les buts mais aussi les réactions des supporters.

Le Stade Australia a été le site de la Cérémonie d'ouverture et des épreuves d'athlétisme des Jeux olympiques de 2000. Souvent, les fans sont installés un peu plus loin du terrain dans les stades conçus pour d'autres sports. C'était le cas ici. J'espérais qu'en cas de but de l'Australie, les joueuses courraient vers le coin du terrain pour célébrer – et c'est ce qu'elles ont fait ! Cela n'a pas eu l'effet que j'espérais en raison du fait que la première rangée était si éloignée, mais j'ai pu photographier les foules de fans enthousiastes.

Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre pour le match final. J'avais couvert les matchs de l'Angleterre lors de la phase de groupes et le match des huitièmes de finale contre le Nigeria. Je n'avais pas encore couvert l'Espagne, donc je n'étais pas familier avec leur style de jeu. Tous les experts prédisaient une victoire confortable de l'Angleterre. Malgré cela, j'espérais un match compétitif serré.

J'ai pris en photo les arrivées des deux équipes, comme d'habitude. Les bannières, les décors et la signalétique du stade avaient tous été changés pour la finale. Jusque là, je photographiais les arrivées avec un objectif Canon 50mm f/1.2 L USM, car c'était la focale parfaite et la grande ouverture était idéale pour un couloir pas très bien éclairé.

Pour la finale, j'ai opté pour un objectif Canon RF135mm f/1.8 L IS pour obtenir un plan rapproché lorsqu'ils entraient dans le couloir, puis j'ai rapidement changé pour le Canon RF 28-70mm f/2 Lau moment où les équipes passaient devant l'inscription qui disait "La Finale". Je voulais obtenir une image en plan complet alors que les entraîneurs et les joueurs passaient devant.

Nous étions quatre photographes sur le terrain pour la finale : un dans la tribune (à un endroit surélevé au centre) et un autre se déplaçant dans les gradins. Chacun avait ses missions avant et après le match. J'étais du côté gauche du terrain, près du banc de l'Espagne. Je savais où je devais me positionner en cas de tirs au but et mon plan de couverture du match était prêt.

L'Espagne a attaqué l'extrémité opposée du terrain par rapport à mon poste, et comme la chance m'a souri, c'est à cet endroit qu'elles ont marqué. Heureusement pour moi, Olga Carmona a couru vers le banc de l'Espagne et a célébré. J'étais tellement excité d'avoir capturé quelque chose de ce moment !

En seconde mi-temps, Mary Earps de l'Angleterre a effectué un superbe arrêt sur un tir de pénalité et a exprimé sa joie. Elle a les meilleures réactions – un rêve pour un photographe !

Les deux équipes ont joué dur. Alex Greenwood de l'Angleterre a subi une coupure à la tête mais a continué à jouer après avoir été bandée. Ces femmes sont endurantes et ce geste l'illustre certainement !

Comme le hasard en a décidé, le coup de sifflet final a retenti alors que le jeu se déroulait du côté opposé du terrain. C'est comme ça parfois. J'ai quand même réussi à capturer une célébration alors qu'Aitana Bonmati courait vers sa coéquipière au milieu du terrain. Nous avions deux autres photographes qui sont entrés sur le terrain avec des caméras stables, alors je me suis positionné pour la levée finale du trophée et j'ai capturé ce que j'ai pu à partir de là.

Mon travail lors de la remise du trophée consistait à prendre des photos en grand angle et à capturer en douceur les panneaux LED sur la scène. Les panneaux LED peuvent être délicats à gérer. Ces panneaux avaient une fréquence différente par rapport au reste des panneaux du stade, donc j'ai dû comprendre cela une fois que je me suis positionné au centre. Pas de pression !

J'ai utilisé le déclencheur mécanique sur le Canon R3 et activé le réglage anti-flicker haute fréquence dans le menu rouge. J'ai aussi réglé manuellement la vitesse d'obturation à 1/1218 de seconde. Il fallait que cette vitesse d'obturation soit suffisamment rapide pour figer les joueuses en l'air lorsqu'elles sautaient.

On dit que cette Coupe du Monde restera dans les mémoires comme le tournant non seulement du football féminin, mais aussi du sport féminin en général. Les deux derniers matchs que j'ai couverts à Sydney se sont déroulés au Stade Australia et avaient une capacité de plus de 79 000 spectateurs.

Les deux matchs étaient complets. Les audiences télévisuelles et l'engagement sur les réseaux sociaux via les plateformes de la FIFA ont augmenté par rapport à la Coupe du Monde Féminine de 2019. Ce fut une expérience incroyable, inspirante et puissante que je n'oublierai jamais. Merci de m'avoir accompagné dans cette aventure !

Journal de bord, jour 3

La phase de groupes a été aussi folle qu'imprévisible. Les huitièmes de finale et les quarts de finale ont également réservé des surprises. Mes deux premiers matchs à élimination directe se sont déroulés à Brisbane, mon stade « à domicile » où j'ai photographié chaque match depuis la phase de groupes jusqu'aux quarts de finale. Mes deux matchs éliminatoires ont été incroyables. Ces deux matchs ont été disputés en prolongations et se sont terminés en tirs au but.

À chaque match, j'installe un déclencheur à distance derrière le but. J'utilise un appareil Canon EOS 1DX Mark III ainsi qu'un objectif Canon 24-70mm f/2.8 L II USM. Je le déclenche à l'aide de télécommandes PocketWizard Plus IV réglées sur un canal personnalisé. J'utilise une fréquence longue portée étant donné que ma position de prise de vue est à une bonne distance. Je la déclenche en utilisant une pédale au pied près de ma position de prise de vue. Je ne la déclenche pas avec la griffe porte accessoire de l'appareil photo, car cela produirait trop de clichés inutiles, surtout si quelqu'un d'autre les retouche !

La plupart du temps, j'ai réglé mon objectif sur 24 mm. Nous étions assez proches du filet pour que cela ne soit pas trop étendu. J'ai tendance à me positionner près du milieu du filet, mais, comme avec la plupart des dispositifs à distance, on ne sait jamais si ça va fonctionner. Il y a eu une période de matchs où je n'ai pas utilisé une seule image de ce dispositif, mais j'ai quand même essayé ! J'utilise un peu de profondeur de champ et je fixe mon ouverture à 4,5. L'objectif est en mise au point manuelle, et je le règle juste à l'intérieur de la surface de réparation et je fixe ma mise au point. Je déclenche uniquement lorsque l'action se trouve dans cette zone

Mon premier match était entre l'Angleterre et le Nigeria en huitièmes de finale. J'ai photographié tous les matchs du Nigeria et j'ai eu l'occasion de rencontrer certains membres de du personne de l'équipe ainsi que des joueuses, ce qui m'a fait développer un lien affectif envers elles ! Je savais que ce ne serait pas un match facile après avoir suivi la phase de groupes, et je n'ai pas été surpris que cela se termine aux tirs au but. Les deux équipes ont joué de manière solide sur le plan défensif. Le premier tirage au sort a déterminé le bout du terrain où les tirs au but auront lieu, et un deuxième tirage au sort a décidé de l'équipe qui commence. Avant le match, l'autre photographe de la FIFA et moi avons discuté de notre plan au cas où le match en viendrait aux tirs au but, car il n'y a pas de temps pour cela une fois que nous atteignons ce point. Le hasard a voulu que les tirs au but se déroulent à mon extrémité !

Les séquences de tirs au but génèrent une tension particulière, mais c'est une forme de tension que j'apprécie (je suis peut-être en minorité sur ce point). Ma mission consistait à photographier le gardien de but avec mon objectif 400 mm et à déclencher ma télécommande pour capturer les moments de but. Si le gardien effectuait un arrêt, je saisisais sa réaction, mais en cas de but, je pivotais rapidement vers le tireur. À ce stade, mon plan de jeu est si ancré dans ma tête que cela devient un geste instinctif. Ces moments se déroulent en quelques secondes, ne laissant pas de place à la réflexion.

C’est Chloe Kelly (Angleterre) a inscrit le but de la victoire. Je me suis rapidement dirigé vers Kelly et Mary Earps, la gardienne de but de l'Angleterre, tandis que le reste de l'équipe se précipitait également. J'ai focalisé mon attention sur le désarroi du côté du Nigeria après la célébration initiale, car cela fait également partie de l'histoire du match. L'autre grand événement était la réaction de Lauren James de l'Angleterre, qui a marché sur Michelle Alozie du Nigeria après une collision entre les deux, entraînant un carton rouge pour James. Sa suspension pour cet incident est de deux matchs, et elle ne pourra pas jouer sur le terrain à moins que l'Angleterre n'atteigne la finale.

Pour le match de quart de finale, c'était l'Australie contre la France. Nous savions tous que ce serait un match serré. La France n'en est pas à ses premiers quarts de finale, et l'Australie avait montré une performance impressionnante lors de ses deux derniers matchs. La question cruciale pour l'Australie concernait la présence de Sam Kerr dans le onze de départ, voire même si elle aurait l'opportunité de jouer du tout. Une fois confirmé qu'elle ne commencerait pas, je devais capturer des images d'elle pendant l'échauffement au cas où elle n'aurait pas de temps de jeu. Le stade de Brisbane, d'une capacité d'environ 49 000 spectateurs, affichait complet. Bien qu'il y ait eu une petite section de supporters français présents, la majorité était constituée de fervents partisans australiens, en tant que pays hôte et prétendant au titre. Presque tous les matchs que j'ai couverts étaient à guichets fermés ou complets, une vue réconfortante à contempler. L'ambiance dans le stade était palpable lorsque Sam Kerr de l'Australie est entrée en jeu pendant la deuxième mi-temps.

La France a marqué un but qui a été refusé en raison d'une faute. Mary Fowler de l'Australie a eu une excellente occasion lorsque la gardienne de but était mal positionnée, mais elle a été stoppée par Élisa De Almeida de la France. Cette tentative de tir était à l'extrémité opposée du terrain par rapport à ma position, mais je l'ai quand même photographiée. Ce n'est peut-être pas l'angle le plus net dans le sens classique de la photographie sportive, mais cela racontait l'instant et dans les matchs à élimination, chaque détail compte.

Comme prévu, nous en arrivons aux tirs au but. Cette fois-ci, le tirage au sort a envoyé les tirs du côté opposé de celui d'où j'avais photographié le match. J'ai ramassé mon équipement, me suis précipité vers l'autre extrémité et me suis positionné près du drapeau de coin du côté du banc. Cette fois-ci, le photographe qui travaillait avec moi se concentrerait sur le gardien de but et déclencherait sa télécommande pour les buts, tandis que j'utiliserais mon objectif 400 mm pour photographier la réaction de l'équipe alors qu'elle se tenait au milieu du terrain.

Anecdote amusante à propos de ce match : il a été marqué par le plus grand nombre de tirs au penalty jamais enregistrés lors d'une rencontre de la Coupe du Monde. Au total, ce sont 20 tirs au penalty qui ont été tentés. Selon le joueur qui s'apprêtait à tirer, je me concentrais sur la réaction de son équipe respective. Cela semblait durer une éternité ! Lorsque le moment est venu pour Cortnee Vine de l'Australie de prendre son tir, je savais que si elle marquait, tout serait fini. Je devais alors capturer les réactions des deux côtés. J'ai filmé la réaction initiale de l'Australie, puis j'ai rapidement pivoté en direction de la France avant d'abandonner mon objectif 400 mm et de me précipiter sur le terrain pour immortaliser la célébration. Étant donné que c'était un match à domicile, les Matildas ont laissé éclater leur joie sur le terrain. Cette nuit-là, j'ai vraiment dû m'activer !

Journal de bord, Jour 2

Treize vols. Dix matchs.

Il est difficile de décrire la vie sur la route. Je compare souvent le temps que nous passons loin de chez nous à celui des athlètes que nous couvrons. Il y a beaucoup de nuits, de week-ends et d'événements que je manque à cause de mon engagement à couvrir certains des plus grands événements sportifs de la scène mondiale. Mais c'est la vie que j'ai décidé de mener, et ce n'est pas toujours plus facile d'être loin de ses proches. Nous venons de terminer la phase de groupe et nous entamons la phase éliminatoire directe la semaine prochaine.

Pendant six jours, j'avais un vol le matin et un match le soir même. Si cela est amusant, c'est aussi très épuisant. Au mieux, je dormais quatre à cinq heures par nuit. Cependant, je ne dormais souvent que trois heures et dans ce cas, je faisais une sieste dans l'avion. 

Mes repas consistaient en du banana bread et des infusions froides à l'aéroport. Mon dîner se composait parfois de simples Pringles et d'eau gazeuse du minibar de l'hôtel. Le plus grand défi était de recharger les batteries de mon appareil photo avant mon vol du lendemain. L'emport d'un deuxième chargeur de batterie peut changer la donne lors de certains événements.

J'arrive généralement au stade quatre heures avant le coup d'envoi. Ma routine est la même à chaque match : J'installe une caméra à distance derrière le but. Je fais ensuite passer les câbles Ethernet jusqu'à ma position de match et j'envoie des images de test aux rédacteurs à partir de chaque caméra. Je photographie les maillots dans les deux vestiaires trois heures avant le coup d'envoi. Entre une heure et demie et deux heures, je photographie l'arrivée des équipes et leur visite sur le terrain avant l'échauffement. J'envoie ensuite une sélection de toutes ces photos aux rédacteurs avant le début de l'échauffement.

Ensuite, je filme les échauffements. Lorsque les équipes quittent le terrain, je cours allumer la télécommande derrière le but. Je filme l'entrée des joueurs avant le match et je suis la caméra fixe pendant les hymnes, le tirage au sort et la photo d'équipe de l'arbitre avec les capitaines. Je cours ensuite jusqu'à ma position de match, je classe tout cela au moment où le coup d'envoi est donné, je suis l'action et la réaction du match et j'envoie des images sélectionnées aux rédacteurs en temps réel. Je tire la carte à distance et j'envoie des images à la mi-temps. Après le match, je suis la caméra fixe sur le terrain pour recueillir les réactions des joueurs et parfois couvrir les célébrations dans les vestiaires.

C'est beaucoup, c'est certain, et la seule raison pour laquelle je garde la tête froide, c'est notre équipe de rédaction. Je serais au bord du gouffre si je devais m'autoéditer. L'équipe de montage de Getty Images est incroyable et je lui en suis reconnaissante chaque jour. En tant que photographe salarié, je ne pourrais pas faire le travail que je fais lors de ces événements sans eux.

Pour les Coupes du monde, nous avons une équipe de photographes qui couvre les besoins éditoriaux de Getty Images (où j'ai déjà travaillé pour les Coupes du monde) et une équipe qui répond aux besoins de la FIFA (ce que je fais pour cet événement). Étant donné le grand nombre d'éléments à documenter pour chaque match, les rédacteurs photo sont essentiels.

Ce qui est unique dans le fait de travailler sur la Coupe du Monde Féminine pour la FIFA, c'est l'accès aux coulisses. Je suis autorisée à entrer dans des endroits où personne d'autre ne se trouve. Je prends cette autorisation et la responsabilité qui l'accompagne très au sérieux.

J'attends d'être invitée dans les coulisses et les vestiaires avant et après les matchs. Ces athlètes se donnent à fond et je veux documenter non seulement les joies, mais aussi les luttes et les défaites avec empathie et attention. Il est parfois difficile d'obtenir des images qui racontent l'histoire du tournoi, tout en donnant aux joueurs et joueuses l'espace nécessaire pour qu'ils puissent exprimer leurs sentiments.

Tout le monde n'a pas cet accès. Lors d'autres tournois, j'ai été assise avec une rangée de photographes derrière les tableaux, utilisant des objectifs et une technologie similaires. Il n'est pas facile de se démarquer, mais ce que je fais, c'est me concentrer sur les moments forts. Je suis fier d'en apprendre le plus possible sur un sport avant de le couvrir. Je sais exactement comment je vais réagir dans n'importe quel scénario, au point que cela devient une seconde nature. Mais si vous ratez un tir, soyez indulgent avec vous-même. Voici comment je vois les choses : si je suis bloqué ou si l'action se déroule dans le sens inverse, c'est que ce n'était pas moi qui devais faire la photo ce jour-là.

Il n'est pas facile de créer une image différente lorsque vous êtes assis dans une rangée de photographes équipés de téléobjectifs. Pour moi, cela se résume au choix de l'objectif et au cadrage.

J'utilise des objectifs principaux aussi souvent que possible (Canon RF 400mm f/2.8 L IS, RF 135mm f/1.8 L IS et RF 50mm f/1.2 L) et j'y ajoute des zooms rapides (24-70mm f/2.8 L IS et RF 24-70mm f/2.8 L IS). Le bokeh des objectifs principaux confère un aspect particulier aux images. La seule fois où j'utilise un peu de profondeur de champ, c'est sur mes caméras à distance.

Cette phase de groupe a été surprenante. Plusieurs piliers de la Coupe du monde féminine de football sont éliminés et quelques nouveaux clubs ont accédé au niveau supérieur. Je pense que cela témoigne de la croissance du football féminin au niveau mondial. S'il m'a été difficile de voir une équipe comme le Brésil, avec Marta, la meilleure buteuse de l'histoire de la Coupe du monde, ne pas sortir de la phase de groupe, j'ai trouvé inspirant de voir des programmes comme le Maroc, la Colombie, le Nigeria et la Jamaïque franchir un nouveau cap. Les huitièmes de finale s'annoncent passionnants et j'ai hâte d'y être.

Journal de bord, Jour 1

À propos de Elsa Garrison

On me demande souvent comment je suis devenu photographe et plus précisément, photographe de sport. J'ai découvert la photographie lors de ma première année de lycée, soit vers 14-15 ans. J'avais un cours optionnel à suivre, j'ai choisi d'étudier la photographie.

À l'époque, le seul élément de haute technologie des appareils photo était le posemètre intégré. Les réglages de l'exposition, la mise au point se faisaient manuellement. La plupart de mes amis faisaient du sport. Photographier leurs matchs était ma façon de partager leur expérience. J'aimais relever le défi de capturer l'action et l'émotion à leur paroxysme, tout en essayant de faire la mise au point !

À l'université. J'ai étudié le photojournalisme à l'université du Missouri, à Columbia, plus connue sous le nom de Mizzou. J'aimais couvrir tous sports, mais je voulais devenir photographe polyvalent et travailler dans un journal après avoir obtenu mon diplôme.

Je travaillais à temps partiel pour le service des sports, ce qui me permettait d'avoir accès à un large éventail de sports. De temps en temps, le magazine Sports Illustrated couvrait certains de nos matchs de basket.

J’étais surprise de découvrir qu’il était possible de couvrir exclusivement des sports. Je me suis dit : "Voilà ce que je veux faire". Lorsque j'ai dit cela à l'un de mes camarades de classe, qui se trouvait être un homme, il m'a répondu : "Les filles ne peuvent pas faire de photos de sport". J'aime les défis et je me suis dit : "Ah oui ? Eh bien, regardez-moi !" On peut donc dire que c'est ainsi que ma carrière de photographe de sport a commencé !

COUPE DU MONDE FÉMININE FIFA 2023

Cela nous amène à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA en Australie et en Nouvelle-Zélande. (Il s'agit de mon quatrième tournoi féminin et de ma septième Coupe du Monde de la FIFA. 

Il y a tellement d'éléments que j'adore. Les athlètes donnent l'impression de travailler sans effort. Si elles sont gracieuses dans leurs mouvements, elles sont aussi féroces, tenaces et puissantes. Il n'y a pas deux sports comme le football. En tant que photographe, il y a tellement de façons de le capturer que cela peut s’avérer difficile. Mais, comme je l'ai déjà dit, j'aime les défis.

Lors de ce tournoi et contrairement aux précédents, je travaille pour la FIFA. Cela signifie que j'ai davantage accès aux coulisses. J'ai démarré la Coupe du monde à Melbourne pour le match opposant le Canada au Nigeria. Alors que c'est l'été dans l'hémisphère nord, c'est l'hiver ici. À Melbourne et à Adélaïde, la température descend à 7°C et le vent est glacial.

En tant que photographe de la FIFA, je prends des photos depuis le banc de touche. Cela me donne non seulement un angle unique sur l'action, mais aussi une vue sur les entraîneurs et leurs réactions. J'utilise quatre appareils photo différents pendant le match, l'un d'entre eux étant situé derrière le but (nous y reviendrons plus tard). 

Pour les deux premiers matchs, j'ai utilisé trois Canon EOS R3avec les objectifs Canon 400mm f/2.8 L IS, RF 70-200mm f/2.8 L IS et RF 24-70mm f/2.8 L IS. Il est possible que cela change au fur et à mesure que le tournoi avance, mais ceci est la configuration de base.

L'équipe photo de la FIFA et moi-même sommes ici pour documenter l'aspect et l'ambiance du tournoi et pour aider les supporters à se connecter à leurs équipes et joueurs préférés. C'est beaucoup de travail, mais c'est incroyable.

Nous commençons par prendre les portraits officiels de tous les joueurs de toutes les équipes. Ils doivent être uniformes, même si nous sommes répartis dans toute l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Nous avons donc déterminé la configuration exacte de l'éclairage pour une simple toile de fond grise et une toile de fond de couleur personnalisée pour chaque équipe afin de compléter les maillots de chaque équipe. 

Avant le début du projet, nous avons organisé un atelier sur l'éclairage pour nous assurer que tout était réglé de la même manière. C'était un projet sympa, mais voyager avec suffisamment de matériel d'éclairage et de toile de fond pour deux installations de studio est un genre de plaisir "unique".

J'ai photographié deux équipes, la Jamaïque et le Panama. J'ai travaillé en paire avec un autre photographe. Nous nous sommes repartis les couleurs. Je photographiais l’équipe en gris tandis que mon collègue, photographiait l’équipe en couleur.

Nous nous sommes rendus à l'hôtel de l'équipe et avons transformé la salle de conférence en studio. La FIFA utilisera ces images tout au long du tournoi pour promouvoir les matchs à venir et les joueurs les utilisent sur leurs réseaux sociaux.

J'aime faire la photographie de portraits, mais ce qui me passionne vraiment, ce sont les matchs. La particularité de la Coupe du Monde est que la phase de groupe se déroule dans tout le pays - et, dans ce cas, dans deux pays. Je suis strictement en Australie pour ce tournoi, mais il y a encore beaucoup de voyages à faire. Je suis sur le point de tourner mon troisième match dans ma troisième ville en seulement trois jours.

Cela peut sembler prestigieux, mais cela peut être épuisant. C'est dans l'avion que je dors le mieux. Et avec le calendrier de la phase de groupes, c'est une bonne chose. Jusqu'à présent, les matchs ont été passionnants et imprévisibles. La compétition s’annonce exceptionnelle. Merci de m'accompagner dans cette merveilleuse aventure au cours des prochaines semaines.

Merci, Elsa, d'avoir partagé ton expérience de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023. Si cet article t'a plu, découvre l'expérience de Ryu Voelkel lors de la Coupe du Monde FIFA 2022. Ou bien, lis d'autres articles en te rendant sur notre hub de contenu MPB.