Quel kit pour un voyage humanitaire ?

L'un des principaux objectifs de tout photographe ou vidéographe est de mettre ses compétences créatives au service du bien. Et l'un des exemples les plus clairs est la création de contenu pour les organisations humanitaires. Thomas Williams, de l'agence de production Prospect Arts, est actuellement photographe lors d'un voyage humanitaire en Ouganda, à Bidi Bidi - anciennement la plus grande colonie de réfugiés au monde - Il accompagne l'association Hope Health Action, une ONG qui fournit des soins vitaux aux personnes vulnérables. Dans ce guide, Thomas explique comment le fait de favoriser les relations interpersonnelles - tout autant que les facteurs créatifs et environnementaux - devrait influencer votre choix de kit. Lisez la suite pour en savoir plus.

J’ai passé la dernière décennie à filmer des environnements éloignés et souvent compliqués. Cette semaine, je suis engagé en tant que vidéographe. Mon objectif est de couvrir tous les aspects du travail que je vois tant en photo qu’en vidéo. Pour ce voyage, j’ai décidé d’emporter mon Canon EOS C70 et le Canon EOS 5D Mark IV avec les objectifs EF 24mm f/1.4 L USM, EF 50mm f/1.2 L USM et EF 85mm f/1.4 L IS USM et, l'objectif que j'ai du mal à retirer de l'appareil, le Canon CN-E 35mm T1.5 L EF. J'ai aussi le DJI RS 2 gimbal, un Small HD Cine7, une Dedolight LED, un trépied Gitzo, des micros canon et lav, des disques durs et un Macbook Pro. À l'exception des lampes, des pieds, des trépieds et des chargeurs, tout a pu être rangé dans le Thinkthank Airport Security v3.0.

Lorsque je décide de mon matériel en partant seul, je dois trouver un équilibre entre la quantité de matériel et la qualité du contenu. Qu'est-ce qui va tenir dans mon bagage à main ? Est-ce le kit adapté sur place ? Quelles sont mes options de secours ?

Le Canon EOS C70 est devenu mon appareil photo préféré - il a remplacé le Panasonic DC-S1H - en grande partie grâce au filtre ND intégré. Il n'y a pas vraiment de mauvaises options, la décision se résume à l'aspect pratique. Le C70 l'emporte grâce à ses filtres ND intégrés, à l'utilisation de la batterie et à la possibilité de mettre un objectif et de commencer à photographier. J'ai également constaté que les Canons peuvent encaisser des coups et supporter la surchauffe, la poussière et les voyages.

Le compromis entre le C70 et le S1H est la stabilisation de l'image dans le boîtier et l'étanchéité du boîtier. Comme je filme la plupart des rouleaux B en 50p pour les options en post-production, je ne considère pas la stabilisation de l'image comme un problème majeur, mais je conserve la S1H pour les conditions météorologiques les plus extrêmes. L'accès à l'électricité est également un élément à prendre en compte. Si l'électricité n'est pas disponible, combien de jours vais-je pouvoir tourner ? Le choix de l'hébergement peut dépendre de la disponibilité d'un générateur de secours.

J'ai photographié avec différents appareils 5D depuis la sortie du Mark I. Et le Canon EOS 5D a été mon premier appareil vidéo, que j'ai acquis auprès de MPB en 2012. Pendant quatre ans, alors que je construisais ma carrière, j'ai tourné des photos et des vidéos exclusivement avec le Canon EOS 5D Mark II, l'EF 24-70mm f/2.8 L USM et l'EF 70-200mm f/2.8 L USM. 

Lors de ce tournage, j'ai également pu réaliser des vidéos avec le 5D Mark IV en guise de secours. Mais, à moins de filmer en Motion JPEG avec des fichiers de taille colossale, la qualité n'est vraiment pas au rendez-vous pour la vidéo. Pour un appareil photo, par contre, c'est encore excellent. Mon seul reproche concerne le facteur de forme. Et, pour la taille, je préfère de loin les appareils sans miroir de Sony.

En termes d'objectifs, je préfère les objectifs primaires aux zooms. De manière contre-intuitive, je pense que je peux être plus productif lorsque je suis limité par la longueur focale. Si j'ai la possibilité d'utiliser un zoom, je deviens plus indécis quant aux photos que je veux prendre. Les contraintes d'une seule longueur focale me permettent de travailler plus efficacement et d'obtenir une séquence dont je suis vraiment satisfait. C'est peut-être juste une idiosyncrasie de ma part.

Lorsque je filme avec un cardan Ronin, j'utilise le EF 24 mm. Le champ de vision plus large est parfait pour les photos de paysages à la dérive ou pour suivre un sujet dans un environnement. Mais si je ne devais avoir qu'un seul objectif, ce serait l'EF 35 mm pour le reportage ou le portrait. L'EF 50 mm pour les photos. Le EF 85 mm est probablement l'objectif que j'utilise le moins, mais j'ai du mal à le laisser au studio - c'est un sauveur quand on photographie dans des environnements très fréquentés où il est difficile d'isoler son sujet. Comme tous mes objectifs sont à monture EF, j'utilise l'adaptateur de monture Canon EF-EOS R 0.71x pour convertir les objectifs à leur longueur focale "officielle", malgré la taille plus petite du capteur de l'EOS C70.

Lorsque je décide du kit à apporter, un autre facteur est ma connexion avec les personnes que je rencontre. Le kit va-t-il entraver cette connexion ? 

Au cours de ce voyage, j'ai filmé des réfugiés handicapés du Sud-Soudan. Ces personnes vivent des vies pas toujours faciles, coincées dans la stase perpétuelle d'un environnement de réfugiés, qui portent des traumatismes personnels et collectifs. C'est mon travail, dans cet endroit, de leur accorder autant de sensibilité et de dignité que possible, tout en capturant leurs histoires, leurs valeurs fondamentales, leurs émotions et leurs croyances. Si j'arrive à me connecter avec eux, à un niveau fondamental, alors je peux aider les spectateurs qui vivent des vies complètement différentes à se connecter aussi. En fin de compte, c'est ce qui les incitera à agir.

Je suis totalement conscient du déséquilibre que cela peut causer en tant que personne blanche lorsque j’arrive dans leur vie; Je suis conscient aussi de l’opportunité que j’ai de pouvoir faire ce que je fais. C’est ainsi que je choisis mon équipement photo, en prenant tout cela en compte. Rien ne doit s’y opposer ou prendre trop de temps à mettre en place Je veille aussi à ne pas mettre trop de barrières entre nous. J’aimerais par cet article, encourager les jeunes photographes ou vidéographes à ne pas apporter trop d’importance au matériel en soi. Allez sur le terrain et prenez des photos, c’est le meilleur des conseils. Utilisez vos outils pour capturer ce qui vous touche. L’histoire est reine.

Merci Thomas. Lisez plus d’entretiens sur notre hub de contenu MPB.