Nikon et Canon à l’Eurovision

Regardé par plus de 200 millions de personnes dans le monde, le concours de l’Eurovision de la chanson est l'un des événements de divertissement les plus emblématiques au monde. Mais à quoi ressemble exactement la prise de vue de cet événement historique à Turin ? Nous avons prêté à Corinne Cumming et Sarah Louise Bennett des appareils Nikon et Canon très appréciés. Découvrons le résultat.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le matériel que vous avez emprunté à MPB pour ce projet ? Comment l'avez-vous utilisé ? Êtes-vous satisfaites des résultats ?

CC : J'ai emprunté le Canon EF 100-400mm f/4.5-5.6 L IS II USM et un Canon EOS 5D Mark IV pour l'Eurovision, à Turin cette année. J'avais déjà un Mark IV, alors le fait d'en avoir un deuxième m'a donc permis d'installer plus facilement deux appareils photo reflex numériques, car ils sont tous deux à écran tactile. Mais ce qui a vraiment changé la donne, c'est l'objectif. Même si je prenais des photos depuis la green room, qui est très proche de la scène, j'avais besoin de ce zoom supplémentaire. J'ai pris certaines de mes photos préférées avec cet objectif.

SLB : Le brillant Nikon AF-S 200-400mm f/4G IF-ED VR II pour l'Eurovision. Ayant déjà photographié d'autres émissions télévisées musicales pour la BBC, je sais que la diffusion en direct a la priorité sur les photos - ce qui signifie que je dois travailler autour des multiples caméras de télévision et que je n'ai pas toujours la position de prise de vue idéale. L'énorme longueur focale m'a permis d'obtenir les gros plans nécessaires à partir d'une position beaucoup plus reculée, tandis que l'ouverture constante de f/4 m'a permis de maintenir une vitesse d'obturation élevée pour figer toute l'action et la chorégraphie.

Qu'y avait-il d'autre dans votre sac pour le tournage ? Quelles sont les caractéristiques que vous recherchez dans le kit pour des événements tels que ceux-ci ? Est-il important d'avoir la bonne configuration ?

CC : Le Canon EF 70-200mm f/4 L USM, le Canon EF 16-35mm f/2.8 L USM et le Canon EF 24-70mm f/2.8 L USM. Pour ma configuration à deux appareils photo, j'ai également un harnais rapide noir à deux épaules et une ceinture think tank avec une pochette pour changer d'objectif et une autre pochette à fermeture éclair pour les batteries de rechange et les cartes mémoire. Le plus important pour les grands événements comme celui-ci est d'avoir des objectifs qui couvrent une grande variété de scénarios. J'aime avoir un objectif large pour les prises de vue de la foule, un 24-70 pour les portraits et les prises de vue moins zoomées de la scène et le 100-400 pour les gros plans. Si je n'avais pas tous ces angles couverts, je ne pense pas que je pourrais produire un résultat optimal.

SLB : J'ai apporté mon Nikon D850 et mon Nikon Z6 II, l'adaptateur FTZ pour le Z6 II, le Nikon AF-S 24-70mm f/2.8G IF-ED et le Nikon AF-S 70-200mm f/2.8G ED VR II. Ce sont tous deux des objectifs un peu plus anciens, mais ils sont construits solidement et fonctionnent toujours parfaitement. J'utilise un double harnais Blackrapid avec ces objectifs pour minimiser le temps que je passe à changer d'objectif et ne rien manquer de l'action. J'ai également apporté un monopode pour photographier avec l'objectif 200-400 afin de minimiser les vibrations de l'appareil. Il est très important d'avoir un équipement solide et fiable pour travailler sur des événements comme celui-ci. Vous n'avez qu'une seule chance de saisir des moments emblématiques qui sont diffusés en direct à des millions de téléspectateurs !

À quoi ressemble une journée de photographe à l'Eurovision ? La pression pour produire rapidement des images doit être intense…

CC : Ce qui est génial avec l'Eurovision, c'est qu'il n'y a pas deux jours identiques. La première semaine, je réalisais des portraits dans un studio de fortune avec des lampes ProPhoto louées, mais je photographiais également les répétitions en direct cette semaine-là. La deuxième semaine avait lieu le tapis turquoise, un événement plus stressant pour certains photographes de l'équipe (Sarah et Andres, car leurs photos devaient être envoyées à la presse en direct - mes portraits dans le couloir devaient être postés le lendemain car je devais faire quelques retouches). 

La semaine la plus chargée était celle des répétitions. Nous nous levions tôt le matin pour finir de retoucher nos photos de la veille. Vers 13 heures, on venait nous chercher à l'hôtel et on nous emmenait au lieu où nous devions photographier la première répétition de la journée. Entre cette répétition et la deuxième répétition ou le show en direct, nous procédions à d'autres retouches photographiques et couvrions les éventuels points de presse, nous mangions sur le pouce, puis nous tournions le spectacle le soir. Le soir de la finale, nous avons fini de travailler vers 3 heures du matin, après quoi je suis rentrée à l'hôtel et je suis passée à l'after-party de Sam Ryder, et je suis allée presque directement à l'aéroport pour prendre un vol de retour.

SLB : J'ai rejoint l'équipe de l'Eurovision une semaine avant la finale, et ma première tâche a été de capturer l'action sur le tapis turquoise de la cérémonie d'ouverture. C'était assez épique pour un tapis rouge ; la cérémonie s'est déroulée dans la magnifique Venaria Reale et les 40 pays ont mis près de quatre heures pour la descendre !

Les autres jours, nous tournions techniquement deux spectacles par jour. Chaque spectacle en direct avait deux répétitions générales la veille, suivies le jour même d'une troisième répétition et de la diffusion en direct, ce qui signifie que nous couvrions chaque spectacle quatre fois. En fait, nous utilisions les répétitions pour essayer de capturer autant d'action que possible et de les garder en stock pour les diffuser au moment du direct, car il n'y a tout simplement aucun moyen de tout monter aussi rapidement. Il y a tellement d'artistes, ils ne jouent que trois minutes chacun et les changements entre eux durent environ 40 secondes. Nous avons donc utilisé le show en direct pour capturer l'atmosphère et l'ambiance dans la foule et dans les coulisses, impossible auparavant. Cependant, même si certaines des photos ont été prises lors de répétitions, elles doivent être fidèles au direct. Si les artistes changeaient de tenue de scène, de coiffure ou de maquillage, ou s'ils faisaient quelque chose de légèrement différent lors de leurs prestations en direct, nous éditions et mettions en ligne ces images immédiatement depuis les coulisses.

Ces spectacles étaient également longs à photographier. Les demi-finales duraient deux heures et demie et la finale quatre heures. Pour mettre cela en perspective, un concert normal dure normalement une heure et demie. C'était donc un véritable marathon  photo musical !

Qu'est-ce que cela fait de photographier un événement en direct regardé par plus de 200 millions de personnes dans le monde ? Savoir que votre travail sera vu à travers la planète doit être très impressionnant ?

CC : Tourner un événement en direct comme l'Eurovision, l'un des plus grands événements télévisés de la planète, était incroyable. J'étais la première personne sur la scène après que l'Ukraine a terminé sa performance de fin, afin de pouvoir prendre leur photo. Dès que j'ai édité cette photo et que je l'ai envoyée à la presse, j'ai fondu en larmes parce que j'étais submergée par l'énormité de ce que moi et mon équipe avions accompli.

SLB : Vous ne pouvez mesurer ni penser à l'ampleur exacte d'un événement comme l'Eurovision - seulement aux choses que vous pouvez faire dans cette pièce pour faire le meilleur travail possible, sinon ce serait abyssal. Bien sûr, vous êtes conscients que les photos vont être largement diffusées, mais nous n'avions aucune idée que cette année pourrait également entrer dans l'Histoire, étant donné les événements déchirants en Ukraine et leur titre Kalush Orchestra qui a remporté le concours de cette année. Le président Zelensky a même posté ma photo sur Instagram, ce qui était incroyablement surréaliste et très humble.

Quel est le moment et le cliché préféré que vous avez pris de l'événement ?

CC : Je ne pense vraiment pas pouvoir choisir une seule photo. J'ai pris certaines de mes photo préférées dans le studio, dans le magnifique couloir du tapis turquoise, mais aussi dans les coulisses et sur la scène pendant le concours. Mais je pense que mon moment préféré a été d'être juste à côté de l'Ukraine lorsqu'on a annoncé qu'elle avait gagné l'Eurovision 2022.

SLB : Mon image préférée doit être celle de Kalush Orchestra sur scène quelques secondes après leur victoire. Je n'oublierai jamais l'amour et l'émotion qui régnaient dans cette pièce.

Capturer des événements en direct requiert un ensemble de compétences particulières. Quels seraient vos meilleurs conseils pour la photographie d'événements ?

CC : Je pense que mon meilleur conseil pour photographier des événements est celui que j'ai volé à Art Streiber. Il a dit une fois dans une conférence qu'il fallait être à la fois préparé et flexible en tant que photographe, ce qui est honnêtement très juste. Les choses ne se passent jamais complètement comme prévu, mais il ne faut pas se laisser déstabiliser. Il faut juste faire de son mieux en toute circonstance et avoir confiance en soi et en ses compétences.

SLB : Pour tous ceux qui font de la photographie d'événements en direct, je dirais que la chose la plus importante à faire est d'apprendre à connaître son équipement et son fonctionnement au point de ne plus avoir à penser aux aspects techniques. Cela devrait devenir une mémoire musculaire. Bien sûr, cela demande beaucoup de temps et de pratique, mais cela signifie que vous pouvez alors vous concentrer entièrement sur ce qui se passe dans la pièce et sur la meilleure façon de documenter l’événement - et non sur vos réglages. 

Merci. Tu peux découvrir le travail de Corinne sur www.capturedbycorinne.co.uk et le travail de Sarah Louise sur www.slb.photography

Vous pouvez également en savoir plus sur les appareils photo qu'ils utilisent dans notre test du Nikon Z6 II et test du Canon 5D Mark IV.