Perspectives noires : Photographe Lisa Marie Asubonteng

Le travail de Lisa Marie Asubonteng aborde les thèmes de l'identité et de la tradition. A travers ses photographies, elle cherche à mettre en valeur les groupes sous-représentés dans la mode.

MPB : Qu'est-ce qui t’ a poussé à devenir photographe ? Quel équipement utilises-tu ?

LMA : J'ai grandi à Stuttgart, une ville du sud de l'Allemagne. La photographie a toujours été une de mes passions, grâce à ma mère qui m'a fait découvrir son amour pour les appareils photo et la photographie. Dans mon enfance, j'ai été photographié de nombreuses fois par ma mère, qui aime capturer les souvenirs. Après avoir suivi un cours de photographie au lycée en 2017, j'ai développé un amour pour la photographie. Après avoir obtenu mon diplôme d'études secondaires, j'ai déménagé à Berlin pour étudier à l'école supérieure de sciences appliquées de Berlin. J'ai réalisé que je voulais devenir photographe lors de mon deuxième semestre de conception de communications.

Je photographie en numérique avec mon Canon EOS R. Il m'arrive aussi parfois, de photographier en argentique.

MPB : Quelle est ta vision de la représentation des femmes photographes noires dans l'industrie de la photo actuellement ?

LMA : À ma connaissance, les femmes photographes noires ne sont pas très bien représentées. Cela montre le manque de représentation des femmes photographes noires dans les médias. Il faut que cela change.

MPB : Peux-tu nous parler d'un projet spécial ou d'une série de photographies dont tu es particulièrement fier et nous expliquer pourquoi ?

LMA : Pour moi, il est important de m'identifier à ma culture et d'être capable de raconter des histoires pertinentes. En tant que photographe ghanéenne-allemande, j'ai fait des recherches sur la société ghanéenne pour The Holy Women afin de comprendre pourquoi le problème de la violence contre les femmes et les filles au Ghana est passé sous silence. Il s'agit d'une question de principes culturels et religieux vieux de plusieurs décennies qui peut être condamnée sur le plan moral et humanitaire. En tant que photographe, j'ai la possibilité d'attirer l'attention sur certains problèmes de société et créer ainsi un certain impact.

Une rencontre ou un simple travail photographique ne changera rapidement ce problème. Cependant, sans action de la part des individus, il ne peut y avoir de changement et mon travail peut donc y contribuer un peu. Je continuerai à me consacrer à ce sujet à l'avenir. Grâce à ce projet, j'ai pu comprendre la profondeur et l'importance du sujet comme jamais auparavant, et ce que les actions de chaque individu peuvent permettre de réaliser. En tant que femme de la deuxième génération vivant en dehors du Ghana, je veux faire ma part pour aider le pays où se trouvent ma famille et mes racines et avoir un réel impact.

MPB : Comment penses tu que ton identité a impacté tes expériences dans l'industrie de la photographie ?

LMA : Non seulement ma couleur de peau mais aussi mon nom ont affecté mes expériences. Il y a eu des fois où les gens ont mal prononcé mon nom ou m'ont dit qu'il était si long que je devais envisager de le changer. Je m'appelle Lisa Marie Asubonteng et Asubonteng signifie "la rivière en furie qui nourrit tous les organismes du monde". Il s'agit d'une partie de mon identité, et je ne changerai pas mon identité.

MPB : Peux-tu nous parler d'une expérience particulièrement difficile que tu as vécue en tant que femme photographe noire en Allemagne ?

LMA : Même avec tous les accès digitaux et argentiques que nous avons dans ce monde, il est difficile de créer une histoire pertinente ou racontable, et d'être vu en tant que photographe noire en Allemagne. Il arrive que les gens aiment mon travail, mais qu'ils me paient moins qu'un photographe blanc ou masculin. Ou ne me paieraient pas du tout. J'ai envoyé mon portfolio à de nombreuses agences de photographie en Allemagne et on m'a dit que mon travail était trop "mode", ce qui n'a pas vraiment de sens puisque je cherchais une agence basée sur la mode et le travail commercial.

MPB : Comment abordes-tu la photographie ? A quoi ressemble généralement ton processus créatif ?

LMA : Il n'y a pas de formule pour aborder la photographie. J'aime l'art de la photographie et je suis toujours inspirée par le monde et la lumière que je vois, et j'essaie de les intégrer dans mon travail. Il peut s'agir de musique ou simplement d'un moment de la vie qui me donne l'énergie nécessaire pour déclencher mon processus créatif.

MPB : Quel rôle joue l'intersectionnalité dans votre expérience en tant que femme noire photographe ?

LMA : Malheureusement, nous vivons encore dans un monde où la couleur de ma peau et le fait d'être une femme intimident le spectateur extérieur. Il m'est arrivé de me présenter en tant que photographe et les gens reconnaissaient certaines de mes œuvres et me disaient qu'ils pensaient qu'elles avaient été prises par un homme.

MPB : Selon toi, comment le secteur de la photographie peut-il promouvoir la diversité et l'inclusion des photographes noir.e.s et des autres groupes sous-représentés ?

LMA : À mon avis, pour promouvoir les photographes noir.e.s et les autres groupes sous-représentés, l'industrie doit être ouverte et permettre aux nouveaux créateurs de présenter leurs projets, tout en les mettant en avant et en recherchant de nouveaux artistes.

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