Interview : MPB rencontre la photographe Lindsey Byrnes

Depuis ses débuts où elle photographiait des skateurs en Californie jusqu'à sa tournée avec Paramore et Tegan and Sara, Lindsey Byrnes a acquît une grande expérience en photographie. Nous avons discuté avec elle de son approche créative ainsi que des moments qui ont marqué sa carrière. Lis l'article pour en savoir plus.

MPB : Peux-tu nous parler un peu de ta carrière, y compris de tes débuts dans la photographie du milieu du skateboard en Californie et de ton travail pour le magazine Thrasher ?

LB : J'ai pris mon premier (et dernier) cours de photographie en 2002. Je voulais apprendre à utiliser un appareil photo, à développer un film et à l'imprimer. À l’époque, je travaillais pour Thrasher Magazine, l'une des publications les plus influentes dans le domaine du skateboard. Je m'étais complètement immergée dans la scène : nous vivions sans rien,on ne vivait que sur l'instant présent. J'ai été inspiré par l'énergie et la créativité du skateboard et du surf, ainsi que par le style de vie qui en découle. J'aime l'intensité et la crudité du skateboard et je pense que cela s'est répercuté sur mon travail de photographe. Mon style a été façonné par mon désir de capturer l'authenticité de mes sujets et je pense que c'est ce qui attire les gens vers mon travail.

MPB : Tu t'es depuis, intégrée dans l'industrie musicale, qu’il s’agisse de réaliser des photos pour pochettes d'albums ou des clips musicaux. Comment as-tu fait tes débuts dans le milieu musical ?

LB : La musique a toujours fait partie intégrante de ma vie. J'ai commencé à photographier des concerts pour avoir quelque chose à faire lors des spectacles. Documenter ces performances m'a aidé à rester présente et à me sentir impliquée. Mon travail a dépassé le cercle de mes amis dans le milieu du skateboard et a englobé divers genres, dont la musique, la mode et le portrait. Et jusqu'à aujourd'hui, mes appareils photo sont comme des couvertures de sécurité. Ils me font me sentir en sécurité et m'ancrer dans le moment présent. J'ai également exposé mes photos dans des galeries lors de Miami Art Basel, et j'ai récemment vendu une impression lors d'une vente aux enchères chez Sotheby's, dans le cadre d'une collection organisée par Nadya du groupe Pussy Riot.

MPB : Tu as récemment photographié Zuri Marley pour la couverture de Ladygunn Magazine. Peux-tu nous parler de cette expérience ?

LB : C'était une expérience extraordinaire ! Mon père était un grand fan de Bob Marley et de Ziggy Marley, et je le suis aussi. Elle était si ouverte, si chaleureuse et amicale, et c'était une super modèle. Nous avons passé un bon moment. Le coiffeur et le maquilleur étaient tous deux très talentueux. Phil, le rédacteur en chef de Ladygunn, est un créateur de génie qui nous a tous fait adhérer au concept rapidement. Il dirige tout en nous laissant notre liberté créative et la possibilité d'ajouter des idées. Collaborer avec lui est toujours source d’apprentissage.

MPB : Comment abordes-tu une séance photo ? À quoi ressemble ton processus créatif ?

Chaque séance photo est différente. Certaines sont spontanées et décontractées, tandis que d'autres sont soigneusement planifiées et stratégiques. Disons que la séance est destinée à un magazine ou à un client commercial. Parfois, je développe le concept moi-même, et d'autres fois, je suis les lignes directives (créative)du client. L'inspiration peut provenir de diverses sources telles que la musique, l'art, la nature et mes expériences personnelles. Avec les clients commerciaux, je réalise des recherches nécessaires pour m'assurer de bien les comprendre, ainsi que leur marque, avant de commencer le travail.

Planification et pré-production : Cette étape implique des préparations logistiques telles que la sélection des lieux, la recherche de décors appropriés et la collecte de l'équipement nécessaire. J'adore la collaboration. Parfois, c'est avec un producteur, parfois directement avec des stylistes et des maquilleurs. Je dois déterminer l'envergure et les exigences de la séance, puis décider de qui et de quoi j'aurai besoin pour accomplir le travail. La pré-production peut également inclure la réalisation d'un storyboard ou la création d'un mood board pour visualiser l'esthétique souhaitée.

Réalisation et prises de vue : Une fois la pré-production terminée, la prise de vue proprement dite a lieu. C'est la partie amusante où j'ai l'occasion de donner du pouvoir à mon équipe et d'utiliser mon expérience et ma vision artistique pour capturer des images en accord avec le concept du client (ou le mien). Si j'ai de la chance, je peux expérimenter différents angles, techniques d'éclairage et compositions pour donner vie à la vision. Cette étape nécessite également une collaboration avec les mannequins, les sujets ou les groupes pour assurer le succès de la séance, surtout s'il s'agit d'une pochette d'album.

Post-production et retouche : Après la séance de prise de vue, je passe en revue les images et réalise une sélection des meilleurs clichés en accord avec la vision créative du client. La post-production et la retouche jouent un rôle crucial dans l'amélioration des images finales. Cette étape peut impliquer la correction des couleurs, la retouche, l'ajustement de l'exposition et l'ajout d'effets souhaités. Mon style de retouche peut contribuer à l'esthétique globale du projet

Tu as mentionné que tu avais plusieurs appareils photo pour différents usages. Quel est ton équipement de prédilection ?

Pendant longtemps, mon équipement préféré était le Nikon D750 ou Nikon D850 que je combinais avec un objectif 24-70mm f/2.8. Mais récemment, je suis vraiment attaché à mes appareils Fuji. J'apprécie le format moyen Fujifilm GFX 100S avec lequel j'ai réalisé un récent travail pour Jaguar. Et j'adore le Leica Q2, j'envisageais d’ailleurs d'en prendre un chez MPB. Tous les modèles de Leica sont super.

MPB : Y a t-il un appareil photo qui te procure le plus de plaisir ? Ou un appareil que tu aimerais ajouter à ta collection ?

LB : Pour moi, tout dépend du moment. Bien que j'aime contrôler le rendu de l'image, j'adore travailler avec un bon appareil photo compact à l'ancienne. Cela étant dit, mon appareil photo préféré est sans doute celui dont je ne me lasse pas. J'aime varier les plaisirs. Selon moi ce n’est pas l’appareil qui fera de moi un professionnel. Cependant, l’important c’est d’avoir le bon appareil photo pour le bon travail. Je fais des photos sous-marines et sans l'appareil adéquat, je ne pourrais jamais prendre les images que je souhaite. Il n’y a pas besoin de dépenser des sommes astronomiques pour faire de bonnes photos.

MPB : Dans un secteur en plein essor comme celui-ci, comment fais-tu pour rester motivée et originale dans ton contenu ?

LB : C'est une excellente question. Je suis tellement reconnaissante de gagner ma vie en faisant ce que j’aime. Je pense que j'ai de la chance de travailler en tant que photographe et le simple fait de le savoir me motive à créer. Je reste inspiré par les personnes que je connais et que je rencontre, ainsi que par ma curiosité à leur égard.

MPB : Quel est le meilleur conseil que l’on t’ait donné en photographie ?

LB : Plus jeune, j’ai fais un stage avec un photographe. Je lui demandais des conseils pour une séance photo qui me rendait nerveux. Je lui ai dit que j'adorais ses photos d'OutKast et je l'ai un peu interrogé pour en savoir plus. Il a fait une pause et m'a dit : "Quoi que tu fasses, ne cherche pas à être moi. Tu as ta propre chose en cours." Même si cela a pris beaucoup de temps à vraiment s'enraciner, cela m'a vraiment marqué. Je suis la seule personne qui peut partager ma perspective avec le monde et j'adore le faire. Et il n'y a qu'une seule personne qui peut partager la tienne, et cette personne, c'est toi.

Merci, Lindsey. Tu peux suivre son travail et en voir plus sur @lindseybyrnes. Si le thème de la photographie musicale et de divertissement t’intéresse, nous t’invitons à lire notre interview avec Jill Furmanovsky en te rendant sur notre hub de contenu MPB.