Dans l’œil de MPB : présentation de Karina Castro

Publié le 24 juillet 2020 par MPB

Dans le cadre de notre série sur les grandes femmes de la photographie d’architecture, nous accueillons Karina Castro. Elle évoque, avec nous, son expérience dans le cinéma, la littérature et ses influences. Lis la suite pour en savoir plus sur Karina et son travail.

MPB : Peux-tu nous raconter un peu comment tu as commencé à toucher à la photographie ?

KC : Tout cela est devenu une extension de la réalisation de films. J'ai été très encouragée par le cinéma européen, Béla Tarr, Michael Haneke, Krzysztof Kieślowski, Werner Herzog, Robert Bresson, Ingmar Bergman et d'autres cinéastes. À cette époque, j'avais l'habitude de regarder quatre films par jour dans mon cinéma de quartier et j’ai quitté le Portugal pour l'Italie pour suivre une formation sur l'histoire du cinéma italien. D'après mon sens visuel aigu, il était évident que je pouvais devenir cinéaste et que la photographie était l'un des nombreux domaines dans lesquels je devais être compétente. Après avoir collaboré au cinéma italien, j'ai décidé de suivre mon propre chemin en commençant à étudier la photographie et en travaillant comme assistante photographe dans un studio. Cela a eu un impact considérable sur mon approche de l'analyse sur l'image. C'était mon point de départ, je suis devenue tellement obsédée par la photographie que je suis aujourd'hui photographe.

MPB : Quel a été ton parcours photographique ? As-tu commencé sur un type de photographie en particulier et qui t'as conduite à un style plus architectural ?

KC : Me focaliser sur l’espace est venu tout naturellement. J'ai toujours créé dans mon esprit des images bidimensionnelles d'espaces physiques et de paysages comme moyen de raconter une histoire en film. C'était une partie naturelle de la narration. En outre, j'ai grandi au Portugal, un pays qui a un sens culturel, un intérêt et une sensibilité pour l'architecture très marqués.  Je n'ai jamais vu l'architecture comme un simple environnement bâti, mais plutôt comme une partie de la société, une partie de la nature humaine, une recherche de la théorie sociale, avec un rôle important dans les domaines sociologique et psychologique. C'est ce qui m'intéresse ici en tant que photographe. Qui sont les personnes qui utilisent ces bâtiments et espaces à l'intérieur de mes photos et quelles sont leurs réactions ?

MPB : Dans ton travail, différents angles semblent être combinés à des formes plus organiques. Est-ce un choix délibéré ?

KC : Oui, j'utilise consciemment la composition et les différents éléments pour créer un contraste. Toutes mes photos sont créées avec un contrôle maximal, et j'organise rigoureusement chaque millimètre que vous voyez à l'intérieur de l'image avant de prendre des photos. Ce qui se passera à la fin dépendra du projet et du sentiment que j'essaie d'obtenir.

MPB : Qu'utilises-tu pour prendre des photos ?

KC : Ça dépend du projet sur lequel je travaille. Je peux utiliser un format 24x36, un moyen format, un grand format, ou même des polaroïds, comme je l'ai fait lorsque j’ai pris en photo l'espace physique à Ramallah, en Palestine.

MPB : Y a-t-il quelqu'un dont tu t'inspires ?

KC : Je suis une lectrice passionnée, mon esprit est très stimulé par la littérature comme la voix de Thomas Bernard, qui a un grand sens de l'humanité dans ses écrits. Je ne peux tout simplement pas m’empêcher de lire, je passe d'un rayon à l'autre, absorbant de vieux articles sur la culture hellénistique et sa littérature, des références sur l'histoire de l'art, de la philosophie, de la sociologie d'une manière très rigoureuse et méthodique. Je pense, par exemple, que toutes mes soirées lectures et musiques et mon fort intérêt pour la communication visuelle parlent directement aux consciences. C'est l'essence même qui se trouve au-delà de chaque discipline.

MPB : En tant que femme, quelle est ton expérience de photographe d’architecture ? Dans quelle mesure ce genre est-il accessible ?

KC : Les stéréotypes de genre influencent beaucoup les choix des gens et sont des obstacles à l’évolution professionnelle des femmes, et donc à la mienne. Aujourd'hui encore, je fais face à des obstacles, mais ça me rend plus forte. Les femmes sont encore sous-représentées dans différents domaines. Dans l'industrie des médias, par exemple, il est très clair que les femmes architectes, philosophes, créatrices d'image, etc., occupent encore un espace de participation et de partage très réduit. Je pense qu'il est important que nous, en tant que société, encouragions et augmentions la participation des femmes. C'est la clé pour promouvoir l'égalité des sexes.

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