Sony FX3 vs Sony VENICE pour la vidéo

En 2018, tu pouvais acheter la caméra cinéma Sony VENICE 6K pour environ 36 000 €. Trois ans plus tard, en 2021, Sony sortait l’hybride FX3 à seulement 4 900 €. Mais sauras-tu faire la différence entre ces deux appareils rien qu’en regardant cette image figée ?

Au cours des deux dernières décennies, l’écart entre les appareils photo grand public ou prosumer et les caméras cinéma de norme industrielle s’est rapidement réduit. Aujourd’hui, tu peux atteindre une qualité d’image comparable à celle utilisée pour les films à gros budget ou les séries télévisées, avec du matériel facilement accessible. Réaliser un film uniquement avec les outils que tu as sous la main, c’est désormais possible.

Pour voir cela en action, nous avons comparé deux appareils photo Sony différents mais étonnamment similaires : le Sony FX3 et le Sony VENICE.

Tu veux connaître la réponse à la question d'ouverture ? Regarde notre vidéo pour découvrir quelle prise vient de quel appareil photo.

Chaque appareil photo a quelque chose d’exceptionnel, et chacun a atteint son propre niveau de réalisation cinématographique. Commençons par jeter un œil à la Sony Venice CineAlta 6K.

Sony VENICE

Caractéristiques clés

• 24.7-megapixel full-frame CMOS sensor

• 500-2500 ISO range

• Sony E ARRI PL mount with included adapter

• Super35/APS-C sensor crop modes

Avantages

• 6K video capabilities

• High frame rate for 6K video

• PL mount adapter allows for flexibility with lenses

Inconvénients

• Tougher for solo shooters

• Cost

Tu l’as peut-être déjà vue à l’œuvre : la Sony VENICE a été utilisée par des cinéastes du monde entier, que ce soit pour de grands blockbusters ou pour des films indépendants à plus petit budget.

Quand il s’agit de blockbusters, la Sony VENICE a servi au tournage de films comme Top Gun: Maverick, Creed III, Severance, Avatar: La Voie de l’eau, Ozark (saison 4), ou encore Black Panther: Wakanda Forever. Et la liste continue de s’allonger — y compris du côté de productions indépendantes à plus petit budget.

Mais son prix, compris entre 23 000 à 35 000 €, a de quoi impressionner… même si c’est le standard pour une caméra utilisée sur des tournages de cette ampleur. (Et la location, elle non plus, n’est pas donnée.)

Maintenant, à l’autre bout du spectre cinéma chez Sony, penchons-nous sur la Sony FX3. 

Sony FX3

Caractéristiques clés

• Capteur CMOS Exmor R plein format de 12,1 mégapixels

• Enregistrement XAVC S-I 10 bits 4:2:2, sortie RAW 16 bits

• Autofocus à détection de phase, suivi du visage et mise au point sur les yeux

• Plage ISO en mode manuel : 80 à 102 400

Avantages

• Excellentes performances en basse lumière

• Permet un tournage à main levée facile et fluide

• S’adapte bien à la plupart des configurations d’éclairage

• Plage ISO étendue pour une grande flexibilité en toutes conditions

Inconvénients

• Pas de filtre ND interne

Avec un prix d’environ 4 000 €) et une qualité d’image remarquable, la FX3 s’est imposée dans le monde de la vidéographie depuis sa sortie en 2021. Mais elle a aussi récemment fait parler d’elle pour une autre raison : c’est la caméra principale utilisée pour tourner The Creator de Gareth Edwards, un film de science-fiction à grand spectacle — le genre de production qu’on imaginerait plutôt filmée avec une caméra comme la Sony VENICE.

Mais alors, qu’a la VENICE que la FX3 n’a pas ? Et surtout, est-ce que les images de la FX3 tiennent vraiment la comparaison avec celles de la VENICE ?

Capteur et résolution

Pour commencer, la Sony VENICE est équipée d’un capteur plein format 6K, offre plus de 15 diaphragmes de plage dynamique, et peut enregistrer des images 6K en RAW jusqu’à 60 images par seconde avec un enregistreur externe.

La FX3 dispose elle aussi d’un capteur plein format et d’une plage dynamique de plus de 15 diaphragmes. En revanche, elle est limitée au 4K, que ce soit en enregistrement interne ou en RAW externe. Mais rien de dramatique : le 4K reste encore largement la norme aujourd’hui. Même la plupart des caméras ARRI ne dépassent pas le 4K ou 4.5K.

Pour notre test, on n’avait pas d’enregistreur externe sous la main, donc on a filmé en 4K à 24 images par seconde en enregistrement interne sur les deux caméras. Ça ne permet pas de tirer pleinement parti des capacités de la VENICE, certes, mais on a tout de même activé le mode capteur 6K 3:2 pour exploiter la totalité du capteur.

Les modes de capteur (Imager Modes) de la VENICE sont vraiment une excellente fonctionnalité. Ils te permettent de choisir la portion du capteur que tu veux utiliser pendant l’enregistrement. C’est essentiel si tu veux tourner dans un format spécifique, et ça rend la VENICE compatible avec une grande variété d’objectifs, y compris des optiques anamorphiques, conçues pour différents formats d’image.

Pour notre test, on s’est contenté d’objectifs sphériques, cela dit.

Objectifs

Même si les deux caméras sont compatibles avec les objectifs en monture E, la VENICE est livrée avec un adaptateur pour monture PL, ce qui te permet d’utiliser toute une gamme d’objectifs cinéma en monture PL. Pour équilibrer les choses, on a aussi monté un adaptateur PL sur la FX3 et utilisé le même objectif ZEISS Supreme Prime 35mm sur les deux caméras.

Cela dit, la FX3 n’a pas vraiment été pensée pour ce type d’optiques, et l’ensemble peut sembler un peu bancal sans accessoires de support adaptés. En plus, utiliser un adaptateur de monture désactive l’autofocus de la FX3 — pourtant l’un de ses atouts majeurs, très avancé. Mais comme la plupart des caméras cinéma, comme la VENICE, nécessitent une mise au point manuelle, ce n’était pas une grande perte dans le cadre de cette comparaison.

Filtres ND

Un gros point faible du FX3, c’est l’absence de filtres ND internes — contrairement au VENICE, qui en est équipé, comme c’est souvent le cas sur les caméras de cinéma numérique modernes. (Même le FX6 et le FX9 en ont.) Du coup, pour faire notre comparatif, on a fixé une matte box à l’objectif et on y a inséré des filtres ND selon les besoins.

Basse lumière

Jusqu’ici, pour tenir la comparaison avec le VENICE, le FX3 a besoin de pas mal d’accessoires supplémentaires.

Par contre, son gros atout face au VENICE, c’est sa gestion des basses lumières. Grâce à sa double sensibilité native à 800/12800 ISO, il dépasse le VENICE qui plafonne à 500/2500 ISO, et s’adapte super bien aux scènes très peu éclairées, avec très peu de grain même à haute sensibilité.

Taille et usage

Côté praticité, le FX3 est clairement plus adapté si tu tournes en solo. Il est plus compact, avec plein de fonctions simplifiées et un système de menu proche de celui des appareils Sony grand public, comme le Sony A7S III.

Cela dit, le VENICE propose aussi un système de menus très complet, avec énormément d’options de personnalisation.

Le VENICE est livré avec un viseur et deux écrans, un de chaque côté. Il propose aussi une connectique très complète, compatible avec une grande variété d’accessoires comme des moniteurs externes ou des systèmes de follow focus.

Le FX3, lui, n’a qu’un seul écran — mais très orientable — ainsi qu’une sortie HDMI pour brancher un moniteur ou un enregistreur externe. Avec sa poignée supérieure incluse pour les entrées/sorties audio, le FX3 est super pratique pour filmer à la main, sur l’épaule ou même monté sur un petit stabilisateur.

Le VENICE est un peu moins maniable dans ce genre de configuration, mais les deux caméras ont un excellent système de stabilisation interne qui limite efficacement les tremblements quand tu ne filmes pas sur stabilisateur.

Le VENICE reste quand même très modulable, surtout grâce au système Sony Rialto Extension, conçu spécialement pour lui.

En gros, ce système permet de détacher le capteur du boîtier principal via un câble ultra résistant. Tu gardes ainsi l’accès à toutes les fonctionnalités du boîtier, mais avec la sensation de manipuler une caméra beaucoup plus compacte. Ça facilite vraiment le tournage à la main et ça permet de filmer dans des espaces plus exigus.

Par contre, le système Rialto implique pas mal d’éléments à assembler, et idéalement, il te faut un bon paquet d’accessoires et une équipe pour gérer tout ça correctement.

Test en lumière naturelle

Quand on est passé·e·s aux tests concrets, le résultat était vraiment serré.

Ce qui trahit vraiment le FX3, c’est la gestion des hautes lumières. Le VENICE offre généralement un meilleur highlight rolloff — la transition est plus douce — alors que sur le FX3, le contraste est bien plus marqué et abrupt.

Lors de l’étalonnage en post-prod, les rushs du VENICE étaient un peu plus simples à travailler. Même si les deux caméras produisent une super image, le FX3 avait parfois du mal avec les verts et les magentas. Le VENICE, lui, semblait restituer les couleurs de manière plus fidèle.

Cela dit, obtenir un rendu neutre et cohérent entre les deux plans n’a jamais été vraiment compliqué.

Filmer à la main était clairement plus facile avec le FX3, tout simplement grâce à sa taille. Mais il faut dire que la stabilisation interne sur les deux caméras est vraiment bluffante et d’une grande aide.

Même si le VENICE est clairement lourd, le tournage à l’épaule restait fluide et naturel — surtout avec le viseur, qui aide pas mal à stabiliser et à bien cadrer.

Test en Studio

Pour notre test en studio, on a commencé avec un éclairage en trois points. Ensuite, on a retiré les lumières une par une, et on a essayé différentes configurations pour expérimenter avec les ombres et le contraste.

Pour ces prises, chaque caméra était réglée sur sa base ISO la plus basse : 500 pour le VENICE, et 800 pour le FX3.

Encore une fois, c’est vraiment un match serré dans l’ensemble.

Mais le VENICE garde une petite longueur d’avance sur la gestion des hautes lumières, ainsi que sur la façon dont il restitue les couleurs, notamment dans les carnations et les zones d’ombre.

Par contre, quand on a éteint toutes les lumières, c’est le FX3 qui s’est vraiment démarqué.

On a basculé le VENICE sur sa seconde base ISO à 2500, et le FX3 sur sa plus haute base ISO à 12 800.

La différence ici est flagrante. Là où le VENICE laisse notre sujet sous-exposé, le FX3 l’éclaire complètement, avec très peu de bruit — surtout pour une valeur ISO aussi élevée.

Ça montre à quel point le FX3 peut s’adapter à presque n’importe quelle situation de lumière, et qu’il est tout à fait possible de filmer dans des environnements peu éclairés sans forcément avoir recours à de gros setups lumière.

En conclusion

Même si le VENICE garde généralement une avance en termes de qualité d’image, le FX3 s’en sort vraiment bien dans ce comparatif. Le rendu final des deux caméras est très proche, et ça prouve que tu n’as pas forcément besoin de la dernière ou de la plus chère des caméras de cinéma pour que ton film ou ta vidéo ait un look digne du grand écran.

Cela dit, ces comparaisons n’ont pas pour but de dénigrer les caméras cinéma haut de gamme. Tourner avec des modèles comme le VENICE offre des avantages considérables que les caméras « grand public » ou prosumer ne peuvent pas encore totalement égaler — sans parler du fait qu’il existe toute une industrie construite autour de ces outils incroyables.

Mais l’écart entre ces deux mondes se réduit très vite, et ça ouvre un champ immense de possibilités pour les cinéastes indépendant·e·s, les vidéastes ou, comme ici, celles et ceux qui tournent avec des caméras Sony.

Merci d’avoir lu notre comparatif entre le Sony FX3 et le Sony VENICE.

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